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LA TAPISSERIE ÉTRANGÈRE AU XVIII° SIÈCLE 38.3
Audenarde. — On a exposé plus haut le dommage causé à la prospérité d'Audenarde par l'émigration en masse des meilleurs artisans, et les efforts infructueux du magistrat pour réagir contre le courant.
Après avoir dû à sa réunion à la France un regain d'activité commerciale, grâce à laquelle les fabricants avaient établi à Paris un entrepôt de leurs productions, Audenarde se trouve définitivement rattachée aux possessions de la couronne d'Espagne, quand le bombardement de 1684 couvre la ville de ruines et détruit quatre cent cinquante maisons.
Mais déjà les maîtres les plus habiles, attirés par les promesses des villes voisines ou des États étrangers, avaient quitté leur pays natal. Trois tapissiers d'Audenarde, François de Moor, Jean d'Olieslaegher et Daniel van Coppenolle avaient passé marché, dès 1655, avec les magistrats de Gand pour s'établir dans cette ville. En vain cherche-t-on à empêcher leur départ; toutes les mesures demeurent sans effet. Les transfuges avaient promis de monter chacun douze métiers dans leur nouvelle résidence.
En 1084, à la suite du bombardement de la ville, leur exemple est suivi par plusieurs de leurs compatriotes, Jean Baert, Georges Blommaert et François van der Stichelen; ceux-ci allèrent fonder à Lille un atelier qui jouit d'une certaine réputation. Les œuvres de van der Stichelen ont pour signature les initiales V. S. T. On connaît plusieurs suites à cette marque : six paysages, d'après des cartons de Louis de Vadder; une Histoire d'Adam et d'Eve, en six pièces; enfin cinq sujets empruntés aux Métamorphoses d'Ovide, exécutées de 1690 à 1692 pour l'hôtel du marquis de Herzelles, à Bruxelles.
En 1684, un autre tapissier d'Audenarde, Philippe Behagel, qui avait quitté son pays depuis quelques années déjà, remplaçait Hinart comme directeur de la manufacture royale de Beauvais.
De Lille, Jean Baert se rend d'abord à Tournai (1692) avant d'aller se fixer à Cambrai (1724). Il règne d'ailleurs une certaine confusion que nous avons vainement cherché à dissiper sur les pérégrinations de ce chef d'atelier, qui semble avoir conservé jusque dans un âge avancé les goûts les plus nomades. Alexandre Baert travaille à Amsterdam en 1704. Nous avons déjà parlé d'Adrien de Neusse, qui fonde un atelier à Gisors en 1703, après avoir passé dix-huit ans dans la manufacture de Beauvais. Bappelons encore le nom de Lievin Schietecotte, fixé à Douai en 1726.
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